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« J'écris sur mes aventures pour rétablir un peu de vérité dans la tromperie »

23 mars 2016

«Je n’ai jamais voulu remplacer les épouses»

Après des histoires d’amour sans passion et la tentation d’un homme marié, Sandra s’est laissée séduire par les infidèles. En deux ans, cette trentenaire a fait l’amour avec près de 45 d’entre eux. Elle partage ses aventures sur un blog où elle est l’autre femme
Ecoutez l'article raconté par Tiphaine Pioger, journaliste

Parce qu'entendre une histoire est plus intense pour certains que la lire, XXIe Sexe propose une version audio de chaque récit. Ils sont lus par des comédiens en formation en écoles de théâtre, dont la Comédie-Française.

Quand ils arrivent je ne suis pas en guêpière et talons, allongée sur mon lit. Plus maintenant. Je ne suis pas non plus la fidèle maîtresse des années 1950. Je suis une femme tout à fait normale. Je couche simplement avec des hommes mariés : des infidèles. J’en ai rencontré près de quarante-cinq en deux ans.

Tout a commencé avec J40. Je tiens un blog, Je suis l’autre femme, où je parle de mes amants et de l’adultère. Je les surnomme avec l’initiale de leur prénom suivi de l’âge qu’ils avaient quand je les ai rencontrés. Lui est un homme marié avec qui j’ai commencé à correspondre au début de l’année 2014. Il a une très haute position dans une grande entreprise internationale. Il a commencé à me séduire. Au final, on n’a jamais couché ensemble. Mais il a eu tant d’attention. Il m’envoyait des messages tout le temps. Un soir, il m’a même proposé de le rejoindre dans la nuit aux Etats-Unis. J’ai refusé. Puis quelques jours après, il m’a appelé pour me dire : « on a un problème, je tombe amoureux de toi et pense à toi même quand je suis avec mes enfants ». Il a tout arrêté.

Être le centre de tout devient vite une drogue. J’ai ressenti un énorme manque. J’avais trouvé ce que je voulais. De la passion. Et seuls les hommes frustrés pouvaient me l’offrir. Ces hommes qui cherchent ce que leur femme ne leur donne pas ou plus. Je dois aller à la rencontre de ces êtres en mal d’amour, en mal d’attention, en mal de tendresse. Je me suis inscrite sur Gleeden, le site de rencontres extraconjugales.

Tous les jours, j’avais des dizaines de demandes. Peu importe ce que le site annonce, il y a une écrasante majorité d’hommes. Et ils ont faim de sexe. Parmi les approches, j’ai eu de tout. D’abord les clichés, très crus et sales comme « tu as l’air bonne bébé » ou « je verrai bien cette bouche autour de ma queue ». Certains me proposaient des relations épistolaires pour ne pas « réellement » tromper leur femme. D’autres se présentaient comme sur un marché : je fais 1m80, je pèse tant, mon sexe mesure tant.

« J'ai refusé beaucoup de demandes, comme celle d'un fétichiste ou d'un scatophile »

Les deux premiers mois, j’ai eu une période de boulimie sexuelle. J’ai couché avec jusqu’à dix hommes par semaine, dont trois en moins de 24 heures. Je me rappellerai toujours de cette journée. L’un est venu le matin avant le travail, l’autre pendant ma pause déjeuner et le dernier après 21h. Quand il est parti une heure plus tard, je suis allée prendre une douche. J’ai commencé à pleurer. Je me suis effondrée. 

J’étais une prostituée gratuite. Je n’avais même plus de plaisir. Ils tiraient un coup et partaient une heure après. Seul mon ego était flatté puisqu’ils me répétaient : « tu es sexy, tu fais bien l’amour ». J’étais complexée par mes formes. Alors ils me rassuraient. Quand ils arrivaient, j’étais toujours bien maquillée, bien épilée, en tenue érotique et en talons. Un cliché. Comme si je voulais me venger de J40 qui m’avait laissé tomber.

J’ai fait le tri. Je me suis dit : « ma cocotte, il est temps que tu deviennes un peu plus exigeante ». J’abordais les nouveaux différemment. Je demandais tout de suite pourquoi les raisons de leur infidélité. Eux cherchaient à savoir pourquoi je couchais avec des infidèles. On échangeait sur le cinéma, la musique ou nos passions. Ensuite, nous abordions nos souhaits sexuels, voire nos fantasmes. Je reste la maîtresse, je suis aussi là pour assouvir leurs envies inavouées.



J’ai refusé beaucoup de demandes particulières. A commencer par un fétichiste des pieds. Je respectais son envie, mais ne la partageais pas. Certains scatophiles ont aussi tenté de m’approcher. D’autres encore, m’ont proposé que je laisse la porte de chez moi ouverte, que je me bande les yeux et les attende nue. Ils arriveraient, seuls ou à plusieurs, me feraient l’amour et repartiraient. Une dernière chose que j’ai refusé : la Golden shower, où l’homme m’urine dessus sous la douche.

Le plus souvent, on se voit dans mon appartement. Les rares fois où je suis allée à l’hôtel, c’est parce qu’on se rencontrait dans une autre ville que Paris. Certains m’ont soumis l’idée de se voir chez eux. Leur femme n’était pas là pour la semaine, le week-end ou juste la soirée. Je ne culpabilise pas par rapport à ces femmes, mais je ne veux pas me moquer d’elles. Je n’irai pas faire l’amour dans leurs draps, entre la photo de leur mariage et celle de leurs enfants. Un homme m’a même proposé un jour : « je garde mon bébé mais viens, s’il se réveille, je me lèverai. »

« J’étais même devenue exclusive pour lui. J’oubliais vite qu’il n’était pas à moi »

Au printemps 2014, j’ai rencontré R32. Au début, il prenait beaucoup trop son temps, lui. Je peux comprendre. Ce n’est pas si facile d’approcher une femme sur Gleeden. Beaucoup sont très exigeantes, très cassantes. D’autres font payer ou en tout cas demandent des cadeaux onéreux en échange… On s’est finalement rencontrés.

Je suis arrivée avec une heure de retard, pas très emballée. Quand on s’est vus, le coup de foudre nous a frappés, lui et moi. Nous sommes sortis de la brasserie, il m’a pris la main, m’a embrassé. Nous sommes allés chez moi et avons fait l’amour tout l’après-midi. Ensuite, on se voyait tous les deux jours et on se parlait tous les jours.

Il était depuis plus de dix ans avec sa femme. Il était le mari, le gendre et le père parfait. Après deux mois de passion, nous étions follement amoureux. Je ne contrôlais rien. J’étais même devenue exclusive pour lui. J’oubliais vite qu’il n’était pas à moi. Même s’il ne passait que rapidement le matin avant d’aller au travail, ou le soir avant de rentrer à la maison. Une fois, j'ai surpris un message que lui envoyait sa compagne, entouré de petits cœurs. Cela me remettait les idées en place !

Et sa femme est tombée enceinte. On a mis trois mois à se quitter. On ne s’est plus vus, puis il est revenu. Tout s’est arrêté après l’accouchement. Je n’ai jamais voulu remplacer les épouses et pour la première fois, je voulais lui crier : « quitte la et viens avec moi ! »

J’ai alors recommencé à voir d’autres hommes. C40 notamment. Il ne me plaisait pas physiquement. Quand on s’est vus, il m’a regardé comme un enfant fasciné devant ses cadeaux de Noël. Et voilà mon ego de nouveau flatté. Il prenait du temps pour moi, même des week-ends. Les infidèles qui dorment avec moi sont rares. Alors imaginez ceux qui passent toute la fin de semaine à mes côtés… Je commençais à passer à autre chose vis-à-vis de R32, sans être amoureuse de C40. Mais lui était prêt à tout quitter pour moi. Les crises de jalousie ont débuté. Je voyais toujours d’autres hommes. Notre relation s’est terminée par des mots violents de sa part, tels que : « je connais mieux la perfidie des femmes grâce à toi ».

« Un homme va assouvir l’un de ses fantasmes avec moi. Le gode ceinture. Pour lui »

Après de nombreux autres tumultes, je vois de nouveau R32. Mais lui n’est plus un simple amant. Je sais qu’il ne quittera jamais sa femme. Techniquement, il n’a rien à lui reprocher. Il ne veut pas lui faire payer le fait que lui ait changé. C’est ce que j’explique sur mon blog. Tous les infidèles ne sont pas des connards et toutes les maîtresses ne sont pas des voleuses de maris.

J’écris sur mes aventures pour rétablir un peu de vérité dans la tromperie. Je me suis dit que quitte à être une salope aux yeux de certains, autant rendre mon expérience utile. D’ailleurs, le sexe n’est que la troisième raison de l’adultère. La première est la perte de communication. La deuxième : la perte d’intimité. Que ce soit les câlins, les bisous, ou les mots doux.



J’ai pu observer trois catégories d’infidèles : les frustrés, les queutards, et une zone intermédiaire. Le queutard est celui qui a besoin de nouveauté tout le temps. Il peut être marié à la plus belle femme du monde, faire l’amour avec elle souvent, il ira voir ailleurs. Il ne culpabilise pas. Pour lui, ce n’est que du « cul ». Il n’a aucun respect pour sa maîtresse : il prend, il baise, il s’en va. Il ne séduit pas, il drague. Et ne pense pas toujours au plaisir que je vais prendre.

Ensuite, il y a le frustré. C’est R32. Ou plus récemment, P38. Il a épousé sa femme parce qu’il était amoureux, et maintenant il culpabilise énormément par rapport à elle. Il a changé. Il veut ressentir les frissons du début. Il veut une deuxième femme, et elle sera sa seule maîtresse. Je suis son amante mais aussi son amie, sa confidente, sa guide. Il porte un grand masque à la maison. Il ment très bien, même s’il en souffre.

Il y a aussi le profil du milieu. L’homme va cumuler quelques amantes, les respecter mais sans tomber amoureux d’elles. Mon meilleur exemple est G36. La femme sait en général, mais laisse faire. Tant qu’il s’occupe des enfants, qu’il répond au téléphone et qu’il est discret, elle est satisfaite.  Le quotidien fonctionne bien. C’est souvent Madame qui dirige à la maison. Ils font l’amour peut-être une fois par mois, et ne s’aiment plus vraiment. G36 m’a confié : « j’ai fait part de mes fantasmes à ma femme et elle m’a traité d’obsédé sexuel. » Il avait abordé la sodomie. Cet homme va assouvir l’un de ses fantasmes avec moi. Le gode ceinture. Pour lui.

« J’ai découvert des plaisirs et envies que je ne soupçonnais pas. L’orgasme anal, par exemple »

Je ne vais plus sur Gleeden depuis près d’un an. Je me suis affirmée sexuellement. J’ai découvert des plaisirs et envies que je ne soupçonnais pas. L’orgasme anal, par exemple. J’ai aussi pleuré quelques fois tellement l’orgasme vaginal était intense. Je ne souhaite pas que cette sensation se réitère. C’est extrêmement déstabilisant et je ne me sentais pas très bien après. Je sais aussi ce que je préfère : la fellation et être au-dessus. Je suis une dominatrice. Mais désormais, je me lasse d’être l’autre femme, la cachée, l’illégitime.

J’ai des amants réguliers et découvre un tout autre univers : les libertins. Une amie m’a invité à un apéro où une quarantaine de ces adeptes se retrouvent une fois par mois. L’organisateur avait privatisé un bar. Je pensais tomber dans un lieu glauque, où tout le monde se saute dessus. En réalité, j’ai eu l’impression d’arriver à l’anniversaire d’un vieux copain. Je ne les pas suivis dans un club pour cette première. La deuxième fois, si. Avec un prétendant. Nous avons fini dans un sauna libertin. 

Je commence à avoir envie d’une vraie relation de couple. Quand il sera temps, je pense que ce sera avec une personne de ce cercle. Une personne qui ne me jugera pas sur mon passé.


@Clémentine Billé

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ks51vNcr

Ya learn sotmehing new everyday. It's true I guess!


Elechim letneuq

Encore un bel article, plein de délicatesse Bravo


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