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« Je ne comprends pas. Je n'ai jamais eu peur de la pénétration pourtant. Enfin, jusqu'à janvier dernier. Je n'imaginais pas qu'une telle douleur était possible.»

07 avril 2016

Je rêve d'un orgasme vaginal

Marina n'a jamais connu le plaisir lors d'une pénétration. Pire, quand elle fait l'amour, elle a mal. A 28 ans, elle découvre à peine la cause de tous ses maux, le vaginisme.
Ecoutez l'article raconté par Margaux Subra-Gomez, journaliste

Parce qu'entendre une histoire est plus intense pour certains que la lire, XXIe Sexe propose une version audio de chaque récit. Ils sont lus par des comédiens en formation en écoles de théâtre, dont la Comédie-Française et de jeunes journalistes.


Être pénétrée par un homme et éprouver enfin du plaisir. Voilà mon plus grand fantasme du haut de mes 28 ans. Lors de mes premières expériences, je ne ressentais rien. Puis j'ai commencé à avoir mal. Il y a un an, j'ai enfin pu poser un nom sur ces douleurs. Je suis vaginique.

Vous désirez l'homme, il vous désire aussi. Les préliminaires se passent bien, vous vous apprêtez à faire l'amour. Et là, le corps, ou la tête, je ne sais pas vraiment, dit non. Le vagin se contracte. Il ne s'ouvre pas. Rien ne passera. Je ressens comme une grande crampe au niveau du sexe. L'homme lui, peut également se faire mal. C'est comme taper contre un mur.

J'ai perdu ma virginité à 16 ans. J'ai eu quelques douleurs. Comme toutes les filles lors des premiers ébats. Puis plus rien. Je n'éprouvais rien. Enfin, je sentais un sexe me pénétrer, mais les va-et-vient ne me procuraient aucun plaisir. Aucune souffrance non plus. C'est comme quand je colle mes mains l'une contre l'autre. Je sens le contact, et il ne me donne pas de sensation.

Quelques temps après, j'ai eu une nouvelle relation. Même problème. Puis à mes 21 ans, un autre homme. Lui aussi est parti. Il en avait marre que je fasse l'étoile de mer. Mais je ne pouvais pas être active au lit, je n'avais aucune stimulation. J'étais incapable de savoir ce qui pouvait me faire du bien, et lui faire du bien. Et  quand j'ai fait la connaissance d'un nouveau partenaire, les douleurs ont commencé.

« Je croyais que tout était de ma faute »


Je croyais que j'étais anormale. Que c'était de ma faute. J'avais honte. Je le laissais faire, sans dire un mot. Je souffrais. J'ai lu qu'il faut changer de positions pour trouver celles où on a le moins mal. Le plus douloureux est quand je suis sur le dos. Assise sur lui, c'était plus supportable. Je continuais en me disant : « allez, ça va marcher, ça va marcher ». Sans succès jusqu'à présent. 

J'ai rencontré une femme en 2011. Je m'entendais bien avec elle et j'ai fini par penser : « si mes relations hétérosexuelles ne fonctionnent pas, peut-être que je suis homosexuelle. » Elle a été une découverte et une révélation pour moi. Je n'avais plus mal, ou si rarement. J'ai ensuite eu une autre copine. Quand mon vagin se contractait, elle comprenait tout de suite, et le ressentait. Jamais un homme ne s'était réellement rendu compte sur l'instant. Jamais il n'avait cherché à comprendre. Elle, si.

Une femme en pénètre une autre avec un seul doigt comme cinq. Le diamètre est adaptable, et progressif. Pas avec un homme. Quelques mois plus tard, je me suis tombée folle amoureuse d'une autre nana. Je suis restée quatre ans et demi avec Camille*.

Nous contournions les problèmes. J'en oubliais presque la souffrance que mon dernier rapport avec un homme m'avait procurée. Mais avec Camille, notre sexualité était un peu plan-plan. Elle ne prenait pas beaucoup d'initiatives. Et je n'avais un plaisir intense que lorsqu'elle me faisait un cunnilingus. Mais je connaissais cette sensation aussi avec les hommes. Fellation et cunni n'ont jamais posé aucun problème. Et je me suis toujours fait beaucoup de bien en me touchant ou avec des sextoys. En revanche, seuls les jouets de petit diamètre entraient en moi. S'ils ont la taille moyenne d'un pénis, je bloque.

Au bout de trois ans avec cette femme, je me suis bien rendue compte que je n'étais pas homosexuelle, mais bi. Nous nous sommes séparées en janvier 2015. Alors, j'ai eu une relation d'une nuit avec un homme. Les douleurs ont recommencé.


« J'ai cru que mes organes se déchiraient »


Je ne comprends pas. Je n'ai jamais eu peur de la pénétration pourtant. Enfin, jusqu'à janvier dernier. Je n'imaginais pas qu'une telle douleur était possible. J'étais avec un homme. Quand il a voulu me pénétrer, j'ai eu mal. Mais comme d'habitude, j'avais une telle envie, je souhaitais tellement y arriver que j'ai laissé faire. Et une douleur m'a transpercé le corps au niveau des côtes. J'ai cru que mes organes se déchiraient. Je suis restée silencieuse.

Je me sentais parfaitement heureuse à ce moment-là. Je m'étais affirmée dans mon travail. Je suis  manager en charge des relations avec la clientèle à Mc Donalds. J'avais réussi à vaincre ma timidité. Jamais je n'aurais pensé pouvoir autant affirmer ma personnalité. Et voilà ce sentiment de honte qui m'accable de nouveau. Je n'osais plus regarder cet homme dans les yeux. On a dormi ensemble, et le lendemain je suis vite partie. On ne s'est pas revus.

Mon entourage m'assure : « tu dois rencontrer quelqu'un en qui tu as confiance. Vous devez apprendre à vous connaître, et attendre ». Mais pourquoi la plupart des femmes auraient le droit d'avoir des coups d'un soir, ou de faire l'amour quand elles en ont envie, et pas moi ? Je ne l'accepte pas. Je veux faire l'amour quand ma libido me le demande.

Les médecins, eux, soutiennent : « il ne faut pas y penser, se détendre au moment de la pénétration. » Mais je n'y pense pas. J'ai juste envie de faire l'amour à cet instant. Je suis bien en compagnie des hommes. Et désormais, j'arrête de chercher les raisons.

J'ai longtemps mis en cause les attouchements que j'ai subis de mes six à 13 ans. Mes frères ont abusé de moi. Pas de viol. Juste des attouchements. Et une unique pénétration orale. Mais je ne me rappelle ni de la régularité, ni des détails. J'ai la faculté d'occulter tout ce qui me perturbe trop. Je ne me rappelle ni de la régularité, ni des détails. Je me souviens tout de même que les actes se déroulaient dans leur chambre. Et que l'un de mes deux frères, celui qui ne s'est jamais excusé, regardait dans ma chambre à travers le trou de la serrure. J'accrochais une petite peluche à la poignée de ma porte afin de bloquer la vue.

Ensuite, j'ai pensé que mes premiers examens gynécologiques au planning familial étaient la raison de mes problèmes. La médecin y est allée comme un bourrin. Elle mettait son spéculum dans mon vagin. Si je lui disais que j'avais mal, elle balayait ma plainte d'un simple : « ce n'est pas grave, ça va passer ». Puis je me suis rendue compte que le vaginisme n'avait pas forcément de cause en particulier. Je l'ai compris en allant sur Les Clés de Vénus.


« Quand j'ai découvert le mot vaginisme, je me suis dit : je ne suis pas seule »


Cette association veut faire connaître ce trouble. Je l'ai découverte après ma mauvaise expérience de janvier. J'ai eu si peur et si mal. J'ai compris que je devais réagir pour enfin vivre une sexualité normale. Quand j'ai découvert le mot vaginisme, je me suis dit : je ne suis pas seule. Mais je croyais encore qu'il s'agissait de quelques cas, par ci, par là. Le forum de l'association m'a donné de l'espoir. L'espoir de vivre ma vie de femme.

Échanger avec d'autres vaginiques m'a fait un bien fou. Et voir que certaines ont vaincu ce trouble surtout ! Je voulais comprendre ce que mon corps faisait. Et ensuite, avoir des solutions. On échange des conseils. Par exemple, il est recommandé de se masser les parois de l'entrée du vagin, doucement, puis ensuite enfoncer ses doigts progressivement. Je dois avouer que je ne suis pas assez rigoureuse. Ma gynéco m'a dit de me faire un planning. Prévoir une demi-heure pour cette activité les mardis, jeudis et samedis par exemple.

Je voulais avoir des enfants jeunes. A bientôt trente ans, c'est impensable pour moi. Comment un bébé pourrait sortir de moi alors qu'un sexe n'arrive pas à y entrer ? Mais je n'en suis pas encore là. La prochaine étape : rencontrer un homme et lui parler du vaginisme avant tout rapport. Lui dire, sans honte : « tu sais, tu n’entreras peut-être pas ». Et le voir me rassurer, me dire que ce n'est pas grave. Puis, enfin, sentir son sexe entrer, et avoir du plaisir.

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Idée du désir

Bonjour, commentaire troublant mais que je connais bien. mes relations avec les sexologues m'ont appris tout ces problèmes. Il faut oublié les mots: quelques choses va entrer en moi... Mais penser à vous et se dire: je vais prendre du plaisir. Si vous avez besoin de conseils, moi et le docteur Habold nous pourrons vous guider. Le créateur de " ideedudesir "


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